Après la déception Quy Nhon, nous nous devions de relever la tête et de replonger dans le Viet Nam enchanteur... Décrite comme, je cite, : "La ville la plus sympathique du pays" par nos amis du Lonely Planet ( qui nous ont quand même un peu planté un couteau dans le dos à Quy Nhon!), Kon Tum semblait être la meilleure façon de rebondir.
Cette fois-ci, nous nous ne sommes pas enflammés, forts de l'expérience acquise à Quy Nhon. Après un trajet de 4h en minibus local, marqué par une crevaison au kilomètre 50, nous sommes donc arrivés à Kon Tum, une des principales villes des Hauts Plateaux du Viet Nam, située à 525 mètres d'altitude.
Et cette fois ci, la magie a opéré! Kon Tum restera l'un de nos meilleurs souvenirs du voyage. Tout d'abord, étant difficile d'accès et bien écartée de l'itinéraire classique emprunté par les voyageurs, cette ville n'accueille que peu de touristes. Le bonheur donc. Je dis cela non pas parce que je n'aime pas avoir d'autres touristes avec moi. C'est simplement que le rapport établi avec les habitants est extrêmement différent. Quand les touristes affluent dans une ville, la population locale ne cherche pas à différencier l'homme de son porte-feuille... Les touristes sont vus comme des acheteurs potentiels, pas comme des personnes voulant découvrir la culture d'un pays, s'imprégner, faire des rencontres... A Kon Tum, la population est ravie de voir quelques touristes débarquer. A tous les coins de rue, enfants et adultes nous lancent des "hello", "what's your name?" non-intéressés, avec un large sourire. Ils se laissent prendre au jeu des photos, posent avec nous (ce qui est inimaginable à HCMC, Ha Long, Hoi An, etc...). L'orphelinat de la ville regorge d'enfants tout heureux de passer avec nous quelques instants, de se voir sur l'écran de mon appareil photo... Vraiment un bonheur de partager ces quelques moments avec eux, une bouffée d'air.
Un élément intéressant est qu'au XIXème siècle, les Français ont fait de Kon Tum un de leurs bastions en implantant un séminaire catholique tenu par des religieux français. Une très belle église en bois a également été construite par ceux-ci. Les Français ont fortement marqué la ville de leur passage. Un homme d'une soixantaine d'année nous interpella même au restaurant quand il a entendu que nous parlions français...Il avait été élève au séminaire et parlait un français presque parfait. Il nous avoua regretter énormément le départ des français dans les années 1950...
Voila pour la parenthèse historique...
Eglise en bois, construite par les Français, Kon Tum
La ville de Kon Tum est connue pour ses villages bahnar, ethnie montagnarde qui peuple la région. Ces villages sont dissimulés derrière les rangées de maisons des grandes rues (tout est relatif!) de la ville. De part et d'autre d'un petit chemin en terre, sont disposées de jolies maisons traditionnelles bahnar, qui tranchent nettement avec l'architecture de la ville proprement dite. Dans un de ces villages, nous avons eu la chance d'accompagner les enfants jusqu'à l'orphelinat, de jouer avec eux, de répondre au torrent de "Hello" et de "what's your name??", de s'adonner à une petite séance de photos et surtout de se délecter de leurs sourires... Vraiment un excellent souvenir...
Chacun des villages bahnar a sa propre maison commune appelée "Rong" qui servait autrefois à stocker le riz (selon une source locale), à se protéger des animaux dangereux (source Lonely Planet...). De nos jours, elles servent aux réunions de village, aux mariages. C'est également là qu'ont lieu les sacrifices de buffles d'eau pour célèbrer les bonnes récoltes.
Maison commune d'un village bahnar, Kon Tum
Enfants de l'orphelinat, dans un village bahnar, Kon Tum
Toujours ces mêmes enfants de l'orphelinat, Kon Tum
Vélo un peu trop grand pour lui !
C'est près d'une de ces maisons communes, dans le plus grand village bahnar de Kon Tum, que nous avons fait notre plus belle rencontre. Alors que nous nous promenions dans ce village, un homme nous interpella. La pluie allait bientôt se mettre à tomber et il avait besoin d'aide pour mettre à l'abri sous la plancher de la maison commune, entre les pilotis, le manioc qui séchait sur la terre rouge. Je me suis donc exécuté et nous avons alors entamé une longue discussion avec lui. Il s'appelait Ring et était le professeur d'anglais de la ville. Vraiment quelqu'un d'extra. Après avoir bien discuté, il me proposa un petit match de foot avec les enfants du village, proposition que je ne pouvais pas refuser bien sûr! Pendant ce temps là, Cécilia jouait avec les petites filles du village. Elle a ensuite pris le thé avec la famille de Ring, en regardant Dumbo doublé en vietnamien, bien à l'abri de la pluie dans la coquette maison bahnar! A l'issue du match de foot, il nous invita à manger chez lui et nous fît découvrir un peu la vie du village, ses puits, ses jolis paysages...
Le repas s'est déroulé dans une bonne ambiance, avec toute la famille de Ring. Le point culminant du repas fut l'arrivée à table d'un bol dans lequel contenant......des criquets grillés! Bref échange de regard avec Cécilia...! Ring nous expliqua que c'était un plat "de luxe" car cela prenait des heures à chasser ces petites bestioles là! Impossible donc de refuser une si gentille invitation, ils avaient mis les petits plats dans les grands pour nous. Et puis, on était là pour ça aussi, découvrir et s'imprégner. On ne peut pas dire que l'on veut vivre la vie vietnamienne et à la moindre différence culturelle, se rétracter. On a donc tous les deux goûté et finalement c'était même bon. Voila ce qui restera, sans aucun doute, comme la plus belle soirée et la plus belle rencontre du voyage.
Village bahnar, Kon Tum
Rencontre avec Ring, rangeant le manioc
Match de foot improvisé avec Ring et les enfants du village!
Pendant ce temps-là, Cécilia s'amuse avec les non-footeux!
Les fameux criquets...!
Le lendemain, une autre excellente journée nous attendait. On avait choisi de prendre un guide pour découvrir, au travers d'un trek de 6 km et quelques, les hauts plateaux environnants. Nous avons quitté la ville en moto pour rejoindre un petit village bahnar, point de départ de la randonnée... Ce fut une magnifique promenade le long du fleuve Dakbla, dans les plantations de bananiers, de manioc, le long des rizières, accompagnés par une flopée de magnifiques papillons... Après une pause pique-nique où on a encore pu goûter quelques spécialités locales, nous sommes ensuite rentrés sur un long et étroit bateau, genre pirogue/kayak sur le Dakbla. Promenade qui nous a permis de nous rafraîchir un peu et de voir d'en bas, ce qu'on avait pu voir d'en haut, pendant la randonnée. Fin de journée en douceur donc: se laisser porter par le bateau dans un tel paysage, au son des oiseaux et des cliquetis de l'eau est un véritable bonheur...
La journée ne s'est pas arrêtée là puisque la visite d'un dernier village bahnar était programmée...Situé à quelques kilomètres du centre-ville de Kon Tum, il nous a permis une dernière fois de nous imprégner de la vie des bahnar.
Trek au bord de fleuve Dakbla, Kon Tum
Rizières le long du trek...
Dernier village bahnar visité...
De retour en ville, il fallait déjà faire nos sacs pour poursuivre notre périple vers le Nord, à notre plus grand regret. Cette étape est vraiment à conseiller à tous les voyageurs en manque d'authenticité, de simplicité. Les habitants sont extrêmement accueillants, d'une grande hospitalité. La région est en plus très jolie... Une bouffée d'air pur donc...
Je vous laisse avec quelques derniers clichés de Kon Tum...
Charles
Village bahnar, Kon Tum
Vue magnifique, depuis le jardin de Ring...
